L’Indonésie, en tant que quatrième pays le plus peuplé au monde, fait face à des défis économiques significatifs, exacerbés par des crises récentes et une concurrence accrue sur le marché mondial. Dans ce contexte, le gouvernement et les acteurs du secteur privé se tournent vers l’e-commerce comme levier stratégique pour revitaliser les petites entreprises, souvent fragilisées par des interruptions de la chaîne d’approvisionnement et un accès limité aux marchés. En intégrant des solutions numériques dans leurs modèles d’affaires, ces entreprises peuvent non seulement survivre, mais également prospérer en atteignant une clientèle plus large. Cette transformation numérique est donc perçue comme une clé pour renforcer la résilience économique et encourager la croissance durable au sein du pays.
Contextualisation économique et numérique
L’Indonésie, en tant que plus grand marché d’e-commerce en Asie du Sud-Est, représente une part substantielle des valeurs marchandes brutes des principales plateformes en ligne. Selon l’agence de conseil Momentum Works, le volume des ventes en ligne a atteint $77 milliards l’année dernière. Cet essor crée un environnement compétitif où les petites et moyennes entreprises (PME) locales peinent à suivre le rythme des importations bon marché, principalement en provenance de Chine.
Les défis des petites entreprises locales
Prenons l’exemple de Devita Ariyanti, une vendeuse de hijabs à Yogyakarta. En achetant ses produits auprès des marchés de gros locaux, elle se trouve en concurrence directe avec des produits similaires vendus à des prix nettement inférieurs sur des plateformes telles que Shopee, Lazada et TikTok Shop. Devita admet que, malgré une clientèle fidèle, la compétition avec les importations bon marché reste ardue.
Mesures gouvernementales pour protéger les PME
Pour contrer cette concurrence déloyale, le gouvernement indonésien prévoit d’imposer des droits de douane pouvant aller jusqu’à 200% sur une large gamme de produits, notamment les textiles, les vêtements, la chaussure, les cosmétiques et les appareils électroniques. Le ministre du Commerce, Zulkifli Hasan, explique que l’inondation du marché par les biens importés pourrait mener à l’effondrement des PME, qui représentent environ 60% du produit intérieur brut (PIB) et emploient près de 120 millions de personnes.
Restrictions sur les plateformes e-commerce
Pour limiter l’impact des importations à bas coût, l’Indonésie a abaissé le seuil de minimis (le montant sous lequel les marchandises ne sont pas soumises à des droits d’importation) de $100 à $3. En outre, le pays a également interdit les ventes sur les plateformes de réseaux sociaux, forçant TikTok Shop à suspendre ses activités jusqu’à une conformité aux régulations locales.
Les défis des réglementations
Bien que ces mesures visent à soutenir les entreprises locales, elles ne sont pas sans conséquence. Bhima Yudhistira, directeur du Centre des études économiques et juridiques, avertit que des droits d’importation élevés peuvent entraîner des tensions entre pays, voire des représailles commerciales.
Une stratégie régionale
D’autres pays d’Asie du Sud-Est adoptent également des mesures similaires pour protéger leurs marchés locaux. La Malaisie impose une taxe de vente de 10% sur les biens importés de moins de 500 ringgit, tandis que les Philippines appliquent une retenue fiscale d’1% sur les commerçants en ligne. La Thaïlande envisage également des tarifs plus élevés pour certaines marchandises importées.
Ajustements nécessaires pour les entreprises locales
Certaines entreprises locales, incapables de rivaliser avec les prix bas des importations, ont changé de modèle d’affaires en se concentrant sur la vente d’articles importés pour survivre. Dans le marché textile de Tanah Abang à Jakarta, de nombreux commerçants ont fermé boutique ou sont devenus revendeurs de produits achetés en ligne.
Enjeux et perspectives
Bien que l’Indonésie tente de protéger ses petites entreprises à travers des mesures restrictives, elle reste dépendante de certaines importations pour les matières premières. Wisnu Wahyudin Pettalolo, vice-président de la chambre de commerce indonésienne, insiste sur la nécessité de clarifier les classifications de biens importés afin de ne pas pénaliser les entreprises locales qui en dépendent.
Protection des PME | Droits de douane jusqu’à 200% |
Impact économique | 60% du PIB |
Emploi | 120 millions de personnes |
Seuil de minimis | De $100 à $3 |
Écosystème concurrentiel | Produit locaux vs. importations bon marché |
Échanges internationaux | Risque de tensions et représailles |
Régionalisation | Alignement avec d’autres pays d’Asie du Sud-Est |
Ajustement des entreprises locales | Changement de modèle d’affaires |
- Protection des PME: Droits de douane élevés
- Impact économique: Contribution significative au PIB
- Emploi: Source majeure d’emplois
- Seuil de minimis: Révision à la baisse
- Écosystème concurrentiel: Lutte contre les importations bon marché
- Échanges internationaux: Risques de tensions et représailles
- Régionalisation: Adaptation des politiques similaires dans d’autres pays
- Ajustement des entreprises locales: Diversification du modèle d’affaires